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" Vous vous demandez peut-être quand est-ce que tout cette histoire a commencé. Comment un garçon, dont les parents sont tués devant ses yeux par un homme désespéré alors qu'il n'a que huit ans, en arrive un jour à devenir l'un des hommes les plus influents et les plus riches du monde, ainsi qu'un justicier masqué de Gotham ? Eh bien, en vérité...

C'est précisément à cause de ça, que c'est arrivé.

Les funérailles n'ont jamais été mon truc, que ce soit à l'époque, ou même maintenant. Je n'aime pas les adieux, les grandes discussions ; Alfred me le reprochera sans doute toute ma vie, mais je ne sais pas m'ouvrir aux autres. J'étais autour du manoir Wayne, à l'époque, errant dans les jardins sans savoir quoi faire. Mes parents étaient décédés. Mon monde était parti en poussière. Et un jour, donc, je suis tombé, tout simplement. J'ai échoué au fond d'un trou qui, à l'époque, me paraissait gigantesque ! Aujourd'hui, bien sur, il ne l'est plus. Et n'existe même plus de toute façon. Mais c'est là qu'elles m'ont trouvé. Les chauve-souris. Et c'est là qu'elles m'ont traumatisé, à tel point que c'en est devenu ma peur la plus secrète à l'époque, ma peur la plus profonde. Je me réveillais chaque nuit en sueurs, persuadé qu'elles viendraient pour moi.

Alfred passa des années à m'apprendre comment surmonter ma peine, à m'endurcir, et à me montrer comment se comporter pour être le digne héritier des Wayne, cette famille si ancienne qu'elle remonte aux fondations de Gotham. Je crois que je n'ai jamais eu la moindre envie d'être un PDG. La richesse, je connaissais bien, mais je n'ai jamais eu le désir d'être un économiste, un patron, un type avec sa mallette. Alors, un jour, j'ai réalisé que je pouvais faire autre chose. Que je n'étais pas obligé de suivre la voie toute tracée qui était la mienne. Alors j'ai voyagé. A travers le monde, à travers les continents, les pays et les villes. Du recoin le plus sale à la chambre la plus propre, du pays le plus défavorisé au plus miroitant de richesse et d'opulence, j'ai vu pour ainsi dire toute la misère du monde. Les plus riches côtoient les plus pauvres avec une proximité dont je n'avais jamais eu conscience auparavant ; et j'ai perdu beaucoup et gagné tout autant. Pauvre, sans aide, j'ai du me débrouiller pour devenir ce que j'allais être à mon retour : un homme de bien et de justice. En avais-je envie quand je suis parti ?

Non.

C'est à travers mes expériences que j'ai réalisé à quel point le malchanceux est juste malchanceux. A quel point le petit voleur est nécessiteux, à quel point le gros riche est abusif et corrompu. A quel point certains profitent de la moindre faiblesse, de la moindre faille, pour faire grandir les tentacules du mal et de la corruption. De tout ce qui nuit à notre espèce. Je me suis alors remémoré Joe Chill, un homme que j'ai haïs toute mon enfance. J'ai su me débarrasser de ma haine. Jamais je ne pourrais lui pardonner, bien sur. Mais je pouvais le comprendre. Je pouvais voir ce qui l'avait poussé à agir... et voir que la mort de mes parents n'était qu'un malheureux accident.

Déterminé comme jamais je ne le fus depuis, j'ai passé longtemps à poursuivre mes voyages pour non seulement m'imprégner du monde qui m'entourait, mais surtout pour apprendre à être plus qu'un homme. Dépasser sa condition physique requiert un savoir et une attention de tous les instants, ce que je parvins à faire. Lorsqu'enfin, je pus rentrer à Gotham, je n'étais plus le même. J'étais le justicier de Gotham. Je m'apprêtais à faire trembler de peur les criminels de ma ville ! Ou pas. Ma première tentative, faite dans l'intention d'aider les forces de police, se solda par un côte fêlée et une claque dans ma fierté. Mais comme toujours, je tirais une leçon de mon échec.

Les criminels avaient eu peur, quand j'ai surgi d'un coup. Alors je devais devenir une terreur pour eux. Ma propre peur, c'était les chauve-souris. Alors j'en serais une. Plus rapide, plus forte, et plus intelligente que mes ennemis. Alfred fut le premier à m'aider, et Lucius Fox le suivit peu de temps après : la Bat-cave fut créée sous le manoir Wayne, et au fil des années, nous avons pu installer d'autres lieux stratégiques à travers le monde. C'était mon refuge secret, interdit à tous, que personne d'autre ne connaissait. C'est là que je revêtis pour la première mon armure, que je devins véritablement Batman. C'est là que ma vie fut tracée. C'est en ces lieux, où je me tiens en ce moment-même, tant d'années après... que je devins un symbole. Pas un homme, mortel et capable d'échouer. Mais une chose intangible. Immortelle.

J'ai mis plusieurs années avant de réaliser que je ne pouvais pas tout faire seul ; et pourtant c'est quelque chose que j'ai encore beaucoup de mal à admettre. Batman, rapidement, devint la terreur des criminels de Gotham, qu'il s'agisse des petites frappes ou des super-vilains qui commençaient à montrer le bout de leur nez. La GCPD, avec à sa tête Jim Gordon, était mon alliée ; mais elle me craignait et ne savait pas sur quel pied danser avec moi. D'un autre côté, Bruce Wayne avait déjà entamé une longue série de conquêtes et d'excentricités à travers le globe, montrant toujours plus d'insouciance et d'insolence. Je ne sais pas si, à l'époque, j'étais à ce point un petit enfoiré, mais avec le recul, je trouve que je me suis énormément assagi. N'en déplaise à Alfred, qui me martèle encore que je devrais trouver un moyen de faire un héritier Wayne. Avec une femme.

Mais j'ai aussi eu mon lot d'ennemis et de douleur. Ra's Al Ghul, sa fille Talia, et leur Ligue. Le Pingouin, Double-Face, le Chapelier Fou, l'Homme-Mystère, Killer Croc, Mr Pyg, Firefly, Poison Ivy... ils sont très – trop ? - nombreux. Et le Joker, ainsi que son acolyte et victime préférée, Harley Quinn... aucune souvenir ne m'est plus étrange que le sien. Je ne peux pas le haïr, car je ne le connais pas. Je ne peux pas le comprendre, car personne ne le peut. Mais je sais que je dois le vaincre à chaque fois, car je ne tue pas, et j'évite de laisser les gens pour mort. Certains disent que c'est de la faiblesse. Qu'ils me critiquent autant qu'ils le veulent. Je n'ai jamais renoncé à mon désir de libérer Gotham de son influente criminalité.

Puis alors même que mon combat contre Bane m'eut couté physiquement une longue remise en question en plus d'une convalescence extrêmement longue, j'ai décidé de reprendre le costume. Gotham ne pouvait pas être abandonnée aux mains de toute cette mafia. C'est ce moment qu'eut choisi Talia pour revenir et m'annoncer froidement que j'étais père d'un fils d'une dizaine d'années. Et que pour le protéger de Ra's, il était de mon devoir de protéger. N'ayant nullement le temps de protester, je me retrouvais avec Damian, jeune assassin de la Ligue, prétendant favori au futur titre de Leader à la place de son grand-père maternel. Tout inculquer à un nouveau semble facile. Mais reprendre à zéro l'éducation d'un enfant en proie à la pré-adolescence, c'est tout de suite compliqué. Pourtant, à travers son regard glacial, je me revois à la mort de mes parents. Il est de mon devoir de le sauver de la Ligue des Assassins, de son grand-père, mais aussi de lui-même. Cependant, alors qu'on ne peut pas dire que le lien fut simple à créer, celui-ci découvrant rapidement que j'étais Batman et faisant tout pour m'accompagner, il y eut plus de bas que de haut. Mais mon plus grand regret est d'avoir été envoyé dans ce nouveau monde sans lui. Damian. Mon fils. Une fois de plus livré à lui-même, je ne sais où. C'est par le plus grand des hasards que je suis parvenu à le retrouver du côté de Paris, totalement à l'abandon, mais toujours aussi hautain et sûr de lui. Lui imposant de me suivre, parce qu'évidemment il faisait sa forte tête, il m'a été d'un grand soutien sans le vouloir, lorsque j'ai recréé Wayne Enterprises. C'est alors que j'ai compris combien la création de ces entreprises a été compliquée pour mon défunt père.

Voulant changer de vie, je me suis retrouvé propulser dans les ennuis grâce à ma progéniture instable. Une fois encore, Damian a réveillé, non seulement Wayne le milliardaire, mais également Batman qui est revenu sous les projecteurs."